• Hammond, j'adore !

    H A M M O N D ... Euhhh comment expliquer  ?

    Cet instrument de musique, cette bête ! a un vrai pouvoir sur moi ! Quand je l'entends, ... c'est un peu con à avouer, mais ça me fout la chair de poule.

    B3

    À cela, un tas de raisons ...

    - L'âge que j'avais quand je l'ai entendu la première fois (à 7-8 ans) ? ►De fortes chances.
    - Le son ? ►Sans aucun doute.
    - Les artistes qui l'ont utilisé, les virtuoses qui l'ont pratiqué ? ►Bien sûr, et surtout quand ils le font crier !
    - Son créateur, son histoire ? ►Évidemment.
    - Sa technologie, associée à une cabine Leslie ? ►Oh que oui.
    - Son esthétique, son prestige ? ►Y'a pas photo (regarde un peu, taillé dans du bois ! ->)
    - Les contacts que j'ai eu avec lui ? ►Je raconterai ça.

     

    Où, quand et comment tout a commencé ...


    Hammond, j'adore !Vers les années 1977, mes parents, mes 3 frères et moi ... et Canaille, notre chien, nous installons près du Mans à Saint Gervais en Belin.
    Sur place, pas vraiment grand chose à faire, c'est la campagne. Notre amour de maman souhaite pourtant qu'on ait une activité. Dans notre rue, miracle, il y a Mr Bouquet qui dispense des cours d'orgue et de solfège. Allez, tous inscrits d'office !

    (NDLR : S'il y avait eu un prof de chinois à la place, on aurait fait du chinois ! Dixit Maman !)

    Ma culture "organistique" a vraiment commencé là. Même si mon professeur d'orgue faisait pas mal la promo pour la marque Yamaha (marque vendue par ses partenaires de "Laporte Musique" au Mans). Il obtenait des prix sur les instuments, pour ses élèves. Mais surtout, on avait des invit' pour des concerts promotionnels Yamaha. Moi, c'était mes premiers concerts. Vraiment, la classe, ça commence à rentrer.

     

    Et il y eut ce Noël !
    Mes frères et moi avions reçu, comme cadeau, chacun un 33 tours (c'éRhoda Scotttait avant les CD et avant les MP3, ... mais après le phonographe !) de Rhoda Scott, un cadeau de nos grand-parents infiniment adorés. Ils aimaient la musique, Papy chantait à la moindre occasion... Ils étaient fiers qu'on fasse de la musique.
    Ce dont ils ne se doutaient pas, c'est le déclic qui s'est produit en moi ! L'orgue ne serait plus jamais abordé de la même façon: À l'époque, un orgue, c'était un peu boîtes à rythme, accompagnements automatiques, Yamaha, Technics, Farfisa .... 

    Ce simple petit bout de bonne femme (Rhoda Scott), son orgue et simplement un batteur pour l'accompagner, m'ont apporté mes vrais grands plaisirs musicaux. Une virtuose de l'orgue ! Main gauche, main droite, pédalier (dont elle joue pieds nus) et pédale d'expression...

    Incroyable ! Je n'avais que 10-11 ans à cette époque ... Et voici où débuta ma folie
     

    Un peu d'histoire..., car il y en a une belle

    Mr HammondLaurens Hammond est né le 11 janvier 1895 à Evanston dans l'Illinois aux États-Unis.

    Son père décède lorsqu’il a deux ans. Sa mère l’emmène alors vivre en Europe avec ses trois sœurs. Il séjournera en Angleterre, en Suisse, en Allemagne et enfin à Paris où il poursuit ses études. C’est là qu’il se passionnera pour la mécanique et en particulier l’horlogerie par le biais du grand-père d’un de ses amis. Il décidera également à cette époque, de sa future profession : Il sera « inventeur » !
    Dans beaucoup de gares aux US, on peut voir encore des horloges signées "Hammond Clock Cie".

    À 14 ans, Laurens Hammond, a l'audace de proposer à "notre" Louis RENAULT les plans d'un embrayage automatique !

    Et arrive son idée de dingue : Utiliser le moteur synchrone (réputé pour être précis et régulier), qu'il employait pour ses horloges, ... mais à d'autres fins. Avec, il fait donc tourner 91 roues phoniques (composant le cœur de l'instrument), qui allaient faire sa renommée dans le monde. Laurens Hammond était un génie ou un illuminé (ou les deux ?)

    Cet aventurier de la technologie inventait dans les années 30 un générateur de son électronique fabuleux.
    C'est lui, l'un des pères du synthétiseur !

     

     

    Un poil de technique s'impose (Là, un petit effort d'attention est nécessaire ...)
     

    Le procédé de génération du son Hammond est carrément original et singulier !

    Petit rappel : Un son, c'est quoi ? C'est juste une onde qui fait vibrer l'air à une certaine vitesse. Par exemple, si une onde vibre 440 fois en une seconde, le son entendu est un "La" (= tonalité du téléphone ou le son du diapason).

    Mais comment fabriquer une onde audible ? Avec notre propre voix déjà, quand on parle, on chante, on crie ... Nos cordes vocales créent des vibrations. Et les instruments de musique bien sûr. Une corde de guitare que l'on va exciter, va vibrer et produire une note à une certaine fréquence.

    Alors comment l'Hammond produit-il du son ? Et bien grâce à la roue phonique. Barbare en apparence, mais fichtrement ingénieux. L'idée, c'est de monter sur un axe tournant à vitesse constante, des roues dentées et en face de chacune d'elle, de placer un électro-aimant. Du coup, si par exemple l'axe tourne à une vitesse de 1 tour par seconde, et si une roue possède 440 dents, l'électro-aimant sera "excité" 440 fois par seconde. Simple non ? Et comme je l'ai dit juste avant, une fréquence de 440 Hz donne un "La". Suffit alors de monter sur l'arbre des roues avec un nombre de dents correspondant aux fréquences des autres notes de la gamme. Un poil d'amplification et de filtres pour faire varier le timbre et le tour est joué.

    Hammond, la roue phonique

    J'aimerais ajouter 2 petits détails ... de taille !

    1 - Pour assurer une rotation régulière et précise de l'axe, Laurens Hammond a opté pour un moteur synchrone (moteur utilisé quand il faisait des horloges). Ce moteur cale sa vitesse de rotation sur la fréquence du réseau électrique, c'est très très fiable.
    Le truc, c'est que ce type de moteur ne démarre pas tout seul, il faut le lancer. Donc, comme sur nos chères bagnolles, il faut à l'Hammond un démarreur ! (t'imagine démarrer une trompette ou une flûte ?). Ça me fait halluciner.

    2 - Autre truc, j'ai dit que ce type de moteur basait sa vitesse de rotation sur la fréquence du réseau électrique. Or chez les étatsuniens, la fréquence réseau est de 60 Hz et chez nous en Europe, elle est de 50 Hz. La fréquence, c'est en fait que le courant qu'on connait, passe du plus au moins 50 fois par seconde (si tu t'es déjà pris une "bourre", t'as  ressenti une vibration, non ? Ben c'est ça !). Du coup, ça voudrait dire qu'un Hammond en Europe tournerait moins vite, et donc toutes les notes seraient fausses, plus graves en fait. Dingue! Comment ont-ils soldé le problème ? Rajouté des dents aux roues phoniques ? Trouvé une solution électro-technique ? Placé un engrenage avec un rapport de 6/5 entre le moteur et l'arbre ? ... Chais pas.

    En tout cas, les Hammonds fonctionnent bien en Europe. Je ne suis pas expert. Moi, l'électricité ça se résume à peu près à : "Alors, le fil rouge, sur le bouton rouge, et le fil vert ...)

    Tout ça reste avant tout vachement intéressant et somme toute assez simple à comprendre (j'espère). En tout cas, j'adore, c'est pas banal.

    Aller, puisqu'on est dans la partie un peu technique, je vais vous parler aussi de la cabine Leslie (citée plus haut), désormais indissociable de l'orgue Hammond. Au départ, Hammond et Leslie ne se connaissent pas. Ce sont les musiciens de jazz qui ont créé cette association mythique.

    LeslieAlors c'est quoi une Leslie? Et bien, c'est une enceinte très originale (elle aussi). On sait tous ce qu'est un haut-parleur, ça envoie le son "en façade", dans une direction, point ! La cabine Leslie est dotée d'un HP aigu et d'un HP grave. Les aigus ne sont pas dirigés en façade, mais vers un collecteur qui rediffuse dans 2 trompes tournantes. Les graves sont eux aussi envoyés, cette fois, dans un genre de tambour en bas, tournant lui aussi et dans le sens inverse. Résultat, le son est diffusé à 360°. En faisant varier la vitesse de rotation, on obtient des effets de "vibrato" incroyables. De plus, les trompes des aigus accélèrant plus vite que le tambour des graves, celà crée un déphasage au niveau de la perception du son, que je trouve franchement agréable. Bon, faut avoir l'oreille bien aiguisée pour apprécier la subtilité du truc.

     Tendez bien l'oreille    ... Les aigus et les graves ne vont pas à la même vitesse.

     

    Un des plus beaux mariages dans l'histoire de la musique ! 

    Hammond, j'adore ! 
     Cabine Leslie  &  Orgue Hammond B3

     

    Whouah ! T'es arrivé jusque là ? Cool, mais c'est loin d'être fini c't'histoire ... (c'est chiant hein ?)

     

    Mes organistes préférés, c'est maintenant !

    Commençons avec Rhoda Scott, passage obligé :

     

    J'adore : Son sourire, sa tunique, sa technique (claviers + pédalier), ses variations (plat <-> Leslie), ... et sa fin de morceau ! Quel dynamisme ...

    Toujours Rhoda Scoot, quelques années plus tard, sur un morceau 100% féminin avec Sarah Morrow (trombone) et Julie Saury (Batterie).
    Les mecs ils peuvent bien se la péter, ben m'enfin, y'a pas qu'eux qu'ont la maîtrise !

    La jauge est toujours dans l'rouge !


    Je dédierai un article à Rhoda Scott un peu plus loin. Mais là faut continuer sur l'Hammond. Elle n'est pas la seule !

    Je propose de changer d'époque et revenir à l'année 1967 (pile poil quand je suis né !), pour un grand classique :
    A Whiter shade of pale de Procol Harum. Et l'Hammond omniprésent ... c'est bon.


     et près de 40 ans après, ça donnait ÇA  (Pas une ride, c'est juste, ils ont teint leurs cheveux en gris !) 

    Maintenant, passons à une organiste allemande, que j'ai découverte y'a peu de temps. Merci internet ! Elle est fabuleuse. Le truc, c'est qu'elle ne vient pas souvent en France, faute d'invitation. Là encore, un talent et une maîtrise de l'instrument, ... et très jolie (m'enfin, chuis un mec, j'ai le droit de donner mon avis. C'est mon blog, mince !)
    Je te présente Barbara Dennerlein et son orchestre philharmoique ... enfin son batteur quoi !

    Ben là encore, y'a tout. Elle redonne vie aux feuilles mortes ! Admire l'indépendance de ses 4 membres. Elle est rapide, inspirée. Comme dit ma fille : "C'est trop d'la balle !".

    Et là, tu te vas me dire : "T'es bien gentil mais, ça ressemble pas trop au truc en bois que tu m'as montré plus haut !". En fait, c'est aussi un B3, mais en version portable. Dedans, c'est exactement pareil. Le B3 version bois pèse presque 200 kg ! Joli certes, mais à trimbaler ... t'en chies. Du coup, une version "light" a été développée. Pour les curieux, un article sur le sujet : ICI

    Un des tous premiers morceaux de Pierre Bachelet en 1977. Je me demande bien quel instrument m'avait attiré à l'époque ... En tout cas, dès l'intro j'avais les poils des bras qui se dressaient !

    Tu ne connaissais pas ça hein ? Sacré Pierre, que de superbes compositions ...

    Je serais indigne de ne pas te proposer de Bob Marley et de Santana. L'Hammond y est omniprésent. Et là, tu connais forcément.
    Ferme les yeux, focalise ton attention sur l'orgue seulement pendant tout le morceau. Fais abstraction du reste. C'est formidable ...

       
    Sur le CD, la qualité du son est meilleure. Mais j'ai que ça à te proposer ... Tu m'en veux pas ?

    En bref, j'te file un truc de malade de 1968 : Iron Butterfly - In A Gadda Da Vida (Whouah ... Iron ! ça rime avec le début du pseudo d'une copine à moi !)

     

    Pour finir, je vais te faire découvrir 2 groupes qui m'envoûtent encore aujourd'hui ... On y entend bien sûr tu sais quoi. Là c'est du lourd !

    1 - Mandingo : Groupe australien des années 70. Percussions, gros son, Hammond ... (fastoche les rimes, va !).
    Sur l'arrière de la pochette du vinyl de mes parents, j'avais tout de même recencé 36 éléments de percussion différents.


    2 - Ekseption :  Groupe hollandais également des années 70. Leur créneau : Reprendre des thèmes classiques mais en version pop, voire déjanté. Écoute bien la vituosité et la folie de Rick Van Der Linden aux claviers. Rien que le look qu'ils avaient, ça vaut franchement le détour ... J'm'y verrais bien comme ça, mais bon.

    Petite note originale : Ce morceau est en 4/4, normal. Pourtant, entre 1:23 et 1:45, ils nous pètent un 5 temps ! Sont oufs ou quoi ?

    Ok c'est quoi du 5 temps exactement ? Une option "décalée" en musique, où la composition est basée sur 5 temps forts plutôt que les 4 habituels. T'en connais forcément : "Mission impossible" ou "Take Five". Compte bien les temps forts (1-2-3-4-5-1-2-3-4-5-1 ...) c'est pas évident comme ça. Pourtant à l'oreille, c'est vachement cohérent. Mais à danser là-dessus, c'est pétage de goule assuré.

    N'empèche ça donne une vach't d'accélération au morceau... Et ensuite, reprise en 4 temps (ça fait comme quand un train passe sur un aiguillage), et gros son Hammond à suivre ... Une merveille !

    Aller, 2 autres pour voir ces phénomènes ...

                  

    et d'Ekseption (Rick), le plus beau solo de piano de toute ma vie -> C'est là !

     

    Promis, je t'embête plus avec tout ça !
    Si tu as tout vu, tu comprendras mon addiction.
    Ce son, ce son et encore ce son... !
    J'espère juste pas t'avoir refilé ma maladie... Sinon t'es mal ! 

    C'est grave docteur ?


  • Commentaires

    1
    Vendredi 30 Mars 2012 à 11:24

    Un grand merci pour cet article tout simplement PASSIONNANT 

    Avoir la " chair de poule" c'est pas con, c'est juste humain ! Et c'est tant mieux car c'est du plaisir !!! Moi cela m'arrive en  en écoutant certains pianistes, (sur mon blog j'ai une rubrique "au delà des mots" dédiée à ce qui me donne la chair de poule) et notamment Hélène GRIMAUD lorsqu'elle joue BACH ou Wilhelm KEMPFF lorsqu'il joue la "Sonate au clair de lune" de BEETHOVEN ... 

    Ton blog est un vrai régal ! 

    2
    gaoulive Profil de gaoulive
    Vendredi 30 Mars 2012 à 18:48

    Whouaaah CathyM, ça c'est quelque chose qui fait super plaisir ... Merci & LOB !

    3
    Kutsu Profil de Kutsu
    Jeudi 5 Avril 2012 à 07:54

    Comme quoi, la technique et le plaisir peuvent aller de pair ! Rhoda, Procol harum... je vous parle d'un temps... Au final l'expression "jouer comme un pied" ce n'est pas si négatif, surtout avec les deux ! Merci gars, de faire re-découvrir cet instrument fabuleux et ceux qui en ont tiré la quintessence !

    Je t'en écrase cinq !

    • Nom / Pseudo :

      E-mail (facultatif) :

      Site Web (facultatif) :

      Commentaire :


    4
    Samedi 7 Juillet 2012 à 22:30

    bonne chance et bonne continuation pour ton blog ! ^^

    5
    Dimanche 15 Novembre 2015 à 14:01

    Merci pour ce super blog rafraichissant ! ... j'étais déjà malade , mais là ...je suis sur le chemin de l'agonie ! Lol !

    Je viens de m'offrir (avant- hier) mon premier "Hammond" , pas le B3 de mes rêves (depuis mes 15 ans- j'ai vu Rhoda 2 fois en concert), mais un son qui le rappelle et qui m'émeut...

    Ce blog me donne envie de monter un groupe pour ressuciter l'album mythique "Classic in pop" d'Ekseption qui a bercé mon enfance...

    Encore merci et ...à quand un autre blog ?.......

    PS  Mes nouveaux virus : Leslie, steinway....

      • Dimanche 15 Novembre 2015 à 20:38

        Hello Whynotes, merci pour ton com. Ça fait un bail que mon blog n'a pas bougé. Je te souhaite de concrétiser ton envie de monter ton groupe. Vach't Ekseption, tu tapes fort ! happy
        PS : As-tu lu mon article dans la rubrique "Coups d'Ekla" ? (ça cause de Rhoda)



    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :